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P


Pacquelin s. m. Pays natal. Mot emprunté à l'argot des voleurs. " Un suage est à maquiller la sorgue dans la tolle du ratichon du pacquelin... -- Un coup est à faire, la nuit dans la maison du curé du pays ..." (Lettre d'un assassin à ses complices.) C'est donc à tort que quelques-uns disent PATELIN.

Page blanche (ÊTRE) V. Être innocent de ce qui s'est fait. Cette locution s'emploie le plus souvent avec la négation: Dans cette affaire, dit le prote, vous n'êtes pas page blanche, c'est-à-dire Vous êtes complice, ou Vous y avez participé en quelque chose.

Pallas, s m. Discours emphatique ou plutôt amphigourique. C'est sans doute par une réminiscence classique qu'on a emprunté ironiquement pour désigner ce genre de discours l'un des noms de la sage Minerve, déesse de l'éloquence. Que de pallas finissent par des mastics!

Pallasser, v. intr. Faire des phrases, discourir avec emphase.

Pallasseur, s. m. Celui qui a l'habitude de faire des phrases, des pallas.

Panama, s. m. Bévue énorme dans la composition, l'imposition ou le tirage, et qui nécessite un carton ou un nouveau tirage, ce qui occasionne une perte plus ou moins considérable. D'où chez le patron, boeuf pyramidal qui se propage quelquefois de proche en proche jusqu'à l'apprenti.

Paquetier, s. m. Compositeur qui ne fait que des lignes qu'il met ensuite en paquets. || Paquetier d'honneur, c'est, dans certaines maisons le premier paquetier d'un metteur en pages. Il ne manque jamais de copie, et participe largement aux honneurs le jour où l'on arrose une réglette.

Parade, s f. Synonyme de POSTICHE.

Parangonner, v. intr. Allier des caractères de force différente, de façon qu'ils s'alignent ensemble. || Au figuré, Se paragonner, c'est se consolider en s'appuyant; s'arranger de façon à ne pas tomber lorsqu'on se sent peu solide sur ses jambes.

Passade, s. f. Secours pécuniaire que les passants ont coutume d'aller demander et de recevoir dans les ateliers où l'on ne peut les embaucher. On dit aussi CARISTADE.

Passifs , , s. m Chaussures, souliers.

Et mes passifs, déjà veufs de semelles,
M'ont aujourd'hui planté là tout à fait.

dit l'humoristique auteur de la chanson du Rouleur.

Pâte (METTRE EN), V. Laisser tomber sa composition ou sa distribution. Quelquefois une forme entière mal serrée est mise en pâte quand on la transporte. Remettre en casse les lettres tombées, c'est faire du pâté. || Par extension, on dit de quelqu'un qu'il s'est mis en pâte, quand il a fait une chute. Être mis en pâte, Recevoir dans une rixe quelque horion ou quelque blessure.

Pâté, s. m. Caractères mêlés et brouillés qu'on fait trier par les apprentis. || Faire du pâté, c'est distribuer ces sortes de caractères.

Pâté de veille, s. m. Collation que l'on fait dans les ateliers le premier jour des veillées. Hélas! comme beaucoup d'autres coutumes, le pâté de veille est tombé en désuétude.

Petit-qué, s. m. Le point- virgule; il est ainsi nommé parce que ce signe (;) remplaçait autrefois le mot latin que dans les manuscrits et les premiers livres imprimés.

Piau. s. f. Conte, plaisanterie incroyable, menterie. || Conter une piau, c'est mentir, faire un conte invraisemblable. Nous ne connaissons pas l'origine de cette locution.

Piausser, v. intr. Dire des piaux, mentir.

Piausseur, adj. Qui conte des piaux, qui fait des mensonges.

Pige, s. f. Tâche que doivent faire, pour être admis à la commandite, les compositeurs de journaux. La pige est de 30, 35, 40 et 42 lignes à l'heure.

Piger la vignette, v. Regarder avec complaisance quelqu'un ou quelque chose de divertissant.

Piller, v. intr. Prendre des sortes dans la casse de ses compagnons. C'est voler.

Pilleur de boîtes, s. m. Celui qui pille la casse de ses camarades. V. FRICOTEUR .

Planquer des sortes, v. Cacher les lettres ou sortes qui entrent en grande quantité dans un travail en cours d'exécution. L'ouvrier qui planque des sortes cause un préjudice à tous ses compagnons, qui ne trouvent plus celles qui devraient être dans des casses ou bardeaux d'un usage commun.

Plâtre, s. m. Simple paquetier, et plus spécialement mauvais compositeur.

Pocher, v. intr. Prendre trop d'encre avec le rouleau et la mettre sur la forme sans l'avoir bien distribuée. Peu usité.

Pointu, s. m. et adj. Disposé à prendre les choses par leur mauvais côté, et, par suite, insociable, grincheux, désagréable. Ce travers n'est pas étranger aux typographes; mais le mot n'appartient pas exclusivement à leur langue.

Poivreau, s. m. Ivrogne. Le mot poivreau tire évidemment son origine du poivre, que certains débitants de liquides ne craignent pas de mêler à l'eau-de-vie qu'ils vendent à leurs clients. Ils obtiennent ainsi un breuvage sans nom, capable d'enivrer un boeuf. Que d'anecdotes on pourrait raconter au sujet des poivreaux! Bornons-nous à la suivante: Un poivreau, que le " culte de Bacchus " a plongé dans la plus grande débine, se fit, un jour entre autres, renvoyer de son atelier. Par pitié pour son dénuement, ses camarades font entre eux une collecte et réunissent une petite somme qu'on lui remet pour qu'il puisse se procurer une blouse. C'était une grave imprudence; notre poivreau, en effet, revient une heure après complètement ivre.

-- Vous n'êtes pas honteux, lui dit le prote, de vous mettre dans un état pareil avec l'argent que l'on vous avait donné pour vous acheter un vêtement?

-- Eh bien! répondit l'incorrigible ivrogne, j'ai pris une culotte.

Pomaquer, v. intr. Se faire prendre, se faire pincer. Mot à peu près tombé en désuétude.

Pompe (AVOIR DE LA), V. Avoir du travail en quantité suffisante.

Pomper, v. intr. Travailler avec une grande ardeur. Ce n'est pourtant pas la même chose qu'être dans son dur; c'est surtout travailler vite et pour peu de temps.

Porte-pages, s. m. Papier plié en plusieurs doubles, que l'on place sous les pages ou les paquets simplement liés, pour les transporter sans accident.

Poser un ours. V. OURS.

Postiche, s. f. Plaisanterie en paroles ou en actions, bonne ou mauvaise. || Faire des postiches à quelqu'un, Lui faire, lui dire des plaisanteries. Quelquefois Faire une postiche, c'est chercher noise, attraper, faire des reproches. On dit clans le même sens Faire une parade.

Prisonnier, s. m. Coin qui ne peut sortir ou qui force en sortant.

Prote, s. m. Chef d'une imprimerie. || Prote à manchettes. C'est le véritable prote; il ne travaille pas manuellement; son autorité est incontestée. Il représente le patron vis-à-vis des clients tout aussi bien que vis-à-vis des ouvriers. || Prote à tablier, Ouvrier qui, en prenant les fonctions de prote, ne cesse pas pour cela de travailler manuellement. || Prote aux gosses, le plus grand des apprentis. || Prote aux machines, Conducteur qui a la haute main sur les autres conducteurs d'un même atelier.


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