Trente préceptes d'escrime,
tirés de l'Encyclopédie de Diderot
Article « escrime », 1755
- I. Il faut se méfier de l'ennemi, & ne pas le craindre.
- II. L'ennemi hors de mesure ne peut atteindre son estocade.
- III. L'ennemi ne peut entrer en mesure sans avancer le pié gauche.
- IV. L'ennemi en mesure ne peut porter l'estocade sans remuer le pié droit.
- V. Quand on rompt la mesure il est inutile de parer.
- VI. Si l'on n'est pas sûr de parer l'estocade, on rompt la mesure.
- VII. Il ne faut jamais entrer en mesure sans être prêt à parer, car vous devez vous attendre que l'ennemi prendra ce tems pour vous porter une botte.
- VIII. N'attaquez jamais l'ennemi par une feinte lorsque vous êtes en mesure; car il pourroit vous prendre sur le tems, soit d'aventure ou de dessein prémédité.
- IX. Ne confondez pas la retraite avec rompre la mesure.
- X. Quand l'ennemi rompt la mesure sur votre attaque, poursuivez-le avec feu & avec prudence.
- XI. Quand il rompt la mesure de lui-même, ne le poursuivez pas; car il veut vous attirer.
- XII. Les battemens d'épée se font toujours en mesure; car hors de mesure ils seroient sans effet, puisqu'on ne pourroit saisir l'instant où l'on auroit ébranlé l'ennemi.
- XIII. En mesure, on n'entreprend jamais une attaque en dégageant sans être prêt à parer l'estocade que l'ennemi vous pourroit porter sur ce tems.
- XIV. Les plus grands mouvemens exposent le plus aux coups de l'ennemi.
- XV. Lorsqu'on s'occupe d'un mouvement, quelque précipité qu'il soit, on se met en danger.
- XVI. L'épée de l'ennemi ne peut être dehors & dedans les armes en même tems.
- XVII. Pour éviter les coups fourrés, on ne détache jamais l'estocade d'une premiere attaque sans sentir l'épée de l'ennemi, & sans opposer.
- XVIII. Quand on ne sent pas l'épée de l'ennemi, on ne détache l'estocade que lorsqu'il est ébranlé par une attaque.
- XIX. La meilleure de toutes les attaques, est le coulement d'épée; parce que le mouvement en est court & sensible, & qu'il détermine absolument l'ennemi à agir.
- XX. A la suite d'un coulement d'épée, on peut faire une feinte pour mieux ébranler l'ennemi.
- XXI. Ne détachez pas l'estocade où l'ennemi se seroit découvert, parce qu'il veut vous faire donner dedans; mais si votre attaque le force à se découvrir, vous pouvez hardiment détacher la botte.
- XXII. Toutes les fois que vous parez ou poussez, effacez.
- XXIII. Quand vous parez ou poussez, ayez toujours la pointe plus basse que le poignet.
- XXIV. Quand l'ennemi pare le dedans des armes, il découvre le dehors, & quand il pare le dehors, il découvre le dedans, &c.
- XXV. On ne peut frapper l'ennemi que dehors les armes, ou dans les armes.
- XXVI. Tenez toujours la pointe de votre épée vis-à-vis l'estomac de l'ennemi.
- XXVII. Si l'ennemi détourne votre pointe d'un côté, faites-la passer de l'autre en dégageant.
- XXVIII. Que votre épée n'aille jamais courir après celle de l'ennemi, car il profiteroit des découvertes que vous lui feriez; mais remarquez son pié droit, & n'allez à la parade que lorsqu'il le détache.
- XXIX. Après une attaque vive, faites retraite.
- XXX. L'ennemi percera toujours le côté qui est à découvert; c'est pourquoi il ne faut pas allonger l'estocade sur cet endroit, mais feindre de la porter pour le prendre au défaut.
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