...à l'épée, on défend sa vie ; au pistolet, on la livre.
DUMAS, Mes Mémoires, Robert Laffont, tome II, p. 1029.
(...) il est faux de croire que l'échelle des craintes correspond à celle des dangers qui les inspirent. On peut
avoir peur de ne pas dormir et nullement d'un duel sérieux, d'un rat et pas d'un lion.
PROUST, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 834.
(...) le duel est affreux, surtout lorsqu'il détruit une vie pleine d'espérances et qu'il prive la société d'un
de ces hommes rares qui ne viennent qu'après le travail d'un siècle, dans la chaîne de certaines idées et de
certains événements.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 280.
(...) dans le silence du code pénal, il faut appliquer le droit commun du meurtre et des coups et
blessures. Vainement opposerait-on le défaut d'intention coupable, l'état de légitime défense, ou enfin le
consentement de la victime, qui n'est pas un fait justificatif. Cette jurisprudence rigoureuse, qui atteignait
les duellistes et leurs témoins, inculpés comme complices, s'accordait mal avec le sentiment public. Il
s'ensuivit une extrême irrégularité des poursuites. La désuétude du duel a fait perdre à cette question la
plus grande partie de son intérêt.
H. DONNEDIEU DE VABRES, Précis de droit criminel, n 225.
(...) je reviens à la barbare folie des épreuves (...) Cette manière de juger les hommes est si ancienne
qu'on la trouve établie chez les Juifs dans tous les temps (...) c'est sur cette loi que tout l'Occident chrétien
établit les épreuves dans les accusations juridiques (...) le duel fut une de ces épreuves, et elle a duré
jusqu'au seizième siècle. Celui qui tuait son adversaire avait toujours raison.
VOLTAIRE, Dict. philosophique, Épreuve.
(Il) prétendait que la vendette est le duel des pauvres. "Cela est si vrai, disait-il, qu'on ne s'assassine
qu'après un défi en règle. 'Garde-toi, je me garde', telles sont les paroles sacramentelles qu'échangent
deux ennemis avant de se tendre des embuscades l'un à l'autre."
MÉRIMÉE, Colomba, III.
(...) à côté des guerres accidentelles il en est d'essentielles pour lesquelles l'instinct guerrier semble
avoir été fait. De ce nombre sont les guerres d'aujourd'hui. On cherche de moins en moins à conquérir
pour conquérir. On ne se bat plus par amour-propre blessé, pour le prestige, pour la gloire. On se bat pour
n'être pas affamé, dit-on, - en réalité pour se maintenir à un certain niveau de vie au-dessous duquel on
croit qu'il ne vaudrait plus la peine de vivre. Plus de délégation à un nombre restreint de soldats chargés
de représenter la nation. Plus rien qui ressemble à un duel. Il faut que tous se battent contre tous, comme
firent les hordes des premiers temps. Seulement on se bat avec les armes forgées par notre civilisation et
les massacres sont d'une horreur que les anciens n'auraient même pas imaginée. Au train dont va la
science, le jour approche où l'un des adversaires, possesseur d'un secret qu'il tenait en réserve, aura le
moyen de supprimer l'autre. Il ne restera peut-être plus trace du vaincu sur la terre.
H. BERGSON, les Deux Sources de la morale et de la religion, IV, p. 305.
Nous avons beaucoup insisté sur cette audace et cette témérité de Cyrano, d'abord parce que, depuis
Horace et même à dater de bien plus haut, les poètes se sont fait une réputation de couardise on ne peut
plus méritée, et que nous sommes bien aise d'en trouver un qui ait du courage et soit homme quoique
poète; ensuite, parce que cette audace et cette témérité n'abandonnaient pas Cyrano lorsqu'il quittait l'épée
pour la plume; le même caractère de hardiesse extravagante et spirituelle se retrouve dans tous ses
ouvrages; chaque phrase est un duel avec la raison (...)
Th. GAUTIER, les Grotesques, Cyrano de Bergerac.
(...) il est aussi absurde d'infliger la torture pour parvenir à la connaissance d'un crime, qu'il était
absurde d'ordonner autrefois le duel pour juger un coupable (...)
VOLTAIRE, Dict. philosophique, Question.
(...) choisissant (pour mourir) une semaine toute blanche, sans crime, ni duel, ni procès célèbre, ni
incident politique (...)
A. DAUDET, l'Immortel, VIII.
Un duel met les gens en mauvaise posture (...)
MOLIÈRE, les Fâcheux, I, 6.
La douleur de cette blessure fit ouvrir les doigts au duc, dont l'épée roula sur terre.
Sigognac, avec une courtoisie parfaite, s'arrêta aussitôt, quoiqu'il pût doubler le coup sans manquer aux
conventions du duel, qui ne devait pas s'arrêter au premier sang.
Th. GAUTIER, le Capitaine Fracasse, IX.
- Duc, répliqua le marquis (...) je ne servirais pas de témoin et de second à quelqu'un qui ne serait
point né. Je connais personnellement le baron (...) Je me porte son garant.
- (...) j'accepte le duel; M. le Chevalier de Vidalinc, mon ami, sera mon second. Veuillez vous entendre
avec lui. Toutes armes et toutes conditions me sont bonnes.
Th. GAUTIER, le Capitaine Fracasse, IX.
Ceci est un cartel amoureux envoyé par une femme de coeur; n'eût-elle pensé à moi qu'un jour, il faut
bravement relever le gant.
A. DE MUSSET, Nouvelles, "Fils du Titien".
Il faut plus de courage pour refuser un duel que pour en accepter dix.
Alphonse de Lamartine, Citation?
A ce compte un frippon n'a qu'à se battre pour cesser d'être un frippon.
Jean-Jacques Rousseau, Citation?
Nous déclarons coupables et infâmes deux hommes qui se battent avec un fer long de trois pouces; mais si le fer a trois pieds, cela devient honorable!
Joseph de Maistre, Citation?
Proverbes médiévaux:
- "Sourd n'a duel."
Pas mal, hein?
Mais "duel" avait seulement le sens de "peine" (dol v.980 -douleur-, puis doel, puis duel, et a donné "deuil").
Le mot "duel" au sens que nous connaissons n'est attesté qu'en 1573,
et vient de "duellum", forme ancienne de "bellum".
Le mot a développé en bas latin le sens de "combat singulier" d'après "duo", par étymologie populaire.
Voir le Robert Historique de la Langue Française, Paris, Le Robert, 1992.
- "Espees sont malles armes"
C'est pourquoi nous préférons les armes courtoises.
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