- la zoologie -

Le GNOU


On voit que cet animal est très-remarquable, non seulement par sa grandeur, mais encore par la beauté de sa forme, par la crinière qu'il porte tout le long du cou, par sa longue queue touffue et par plusieurs autres caractères qui semblent l'assimiler en partie au cheval, et en partie au boeuf. Nous lui conserverons le nom de gnou (qui se prononce niou), qu'il porte dans son pays natal.

Cet animal est à peu près de la grandeur d'un âne. Sa hauteur est de trois pieds et demi : tout son corps, à l'exception des endroits que j'indiquerai dans la suite, est couvert d'un poil court comme celui du cerf, de couleur fauve, mais dont la pointe est blanchâtre, ce qui lui donne une légère teinte de gris blanc. Sa tête est grosse et ressemble fort à celle du boeuf ; tout le devant est garni de longs poils noirs, qui s'étendent jusqu'au-dessous des yeux, et qui contrastent singulièrement avec des poils de la même longueur, mais fort blancs, qui lui forment une barbe à la lèvre inférieure. Ses yeux sont noirs et bien fendus ; les paupières sont garnis de cils formés par de longs poils blancs, parallèles à la peau, et qui font une espèce d'étoile au milieu de laquelle est l'oeil ; au-dessus sont placés, en guise de sourcils, d'autres poils de la même couleur, et très-longs. Au haut du front sont deux cornes noires dont la longueur, mesurée suivant l'axe, est de dix-neuf pouces : leurs bases, qui ont près de dix-sept pouces de circonférence, se touchent et sont appliquées au front dans une étendue de six pouces ; ensuite elles se courbent vers le haut, et se terminent en une pointe perpendiculaire et longue de sept pouces, comme on peut le voir dans la figure. Entre les cornes prend naissance une crinière épaisse, qui s'étend tout le long de la partie supérieure du cou jusqu'au dos : elle est formée par des poils roides, tout exactement de la même longueur, qui est de trois pouces. La partie inférieure en est blanchâtre, à peu près jusqu'aux deux tiers de la hauteur, et l'autre tiers est en noir. Derrière les cornes sont les oreilles, couvertes de poils noirâtres et fort courts. Le dos est uni, et la croupe ressemble à celle d'un jeune poulain ; la queue est composée, comme celle du cheval, de longs crins blancs ; sous le poitrail, il y a une suite de longs poils noirs, qui s'étend depuis les jambes antérieures, le long du cou et de la partie inférieure de la tête, jusqu'à la barbe blanche de la lèvre de dessous : les jambes sont semblables et d'une finesse égale à celles du cerf, ou plutôt de la biche. Le pied est fourchu comme celui de ce dernier animal ; les sabots en sont noirs, unis, et surmontés en arrière d'un seul ergot placé assez haut.

Sans avoir l'air exactement féroce, il indique cependant qu'il n'aimerait pas qu'on s'approchât de lui. Lorsque j'essayais de le toucher à travers les barreaux de sa loge, il baissait la tête et faisait des efforts pour blesser avec sa corne la main qui voulait le caresser. Jusqu'à présent il a été enfermé et obligé de se nourrir des végétaux qu'on lui a donnés ; et il paraît qu'ils lui conviennent, car il est fort vigoureux.

Georges-Louis Leclerc, Comte de Buffon
Histoires naturelles des animaux





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